« J'ai une idée. » avait dit Philippe, en m'entrainant avec lui. Je le suivis, totalement en confiance, comme toujours avec lui. Il me donna un casque et pour la seconde fois, je montais derrière lui sur sa moto. J'étais plus calme que la première fois, parce que je savais désormais que Philippe était officiellement mon petit ami. C'était bizarre pour moi de me dire ça, de me dire que j'étais avec quelqu'un, que ce quelqu'un était Philippe. Mais je savais que je m'y habituerais, parce que j'étais bien avec lui et que je ne m'inquiétais pas.
Nous quittions alors Pure Derma, la laissant tout à sa fête pendant que nous filions, amoureux, vers une destination que j'ignorais. Je fermais les yeux et m'appuyais contre le dos de Philippe, les bras serrés contre lui.
Quelques minutes plus tard, nous étions dans un des beaux quartiers de Londres, que je ne connaissais pas vraiment. Je descendis de la moto, et enlevais mon casque. Je regardais autour de moi, devant mes yeux s'élevait un grand hôtel. Un petit sourire se dessinait sur mes lèvres. Je savais qu'hors contexte, ça pouvait être désapprouvé, mais je trouvais ça totalement romantique. Philippe et moi allions pouvoir passer une nuit juste tous les deux, pour la première fois. Je m'approchais de lui alors qu'il venait de descendre à son tour de la moto, je passais un bras autour de son cou et l'embrassais. « Alors comme ça, on emmène n'importe qui à l'hôtel ? » riais-je, avant de me diriger jusqu'à l'entrée de l'immeuble en sa compagnie. J'avais l'impression d'avoir quinze ans et de vivre mon premier amour ; bien sur j'avais peur de me rétamer et de m'arracher la paume des mains en tombant par terre, mais je savais que j'avais des pansements et du mercurochrome. Et puis il fallait bien prendre le risque de tomber de temps en temps...

Pendant le trajet, Philippe repassait sa dernière semaine dans sa tête. Il y a quelques jours, il était célibataire et assez content de l'être. Il refusait de s'attacher pour que rien ne se mettre en travers lui et sa maladie. Il refusait de mettre quelqu'un dans une position terrible. Il s'était donné à fond pour ça, il avait tout construit à partir de ça, même. Et puis, il eu fallu qu'elle renverse son café, qu'ils se croisent dans les couloirs, qu'ils sortent, qu'il pose ses lèvres sur les siennes. Philippe n'avait pu continuer à faire l’insensible. De toutes les femmes avec qui il avait été, elle avait fait toute la différence. Et alors qu'il la sentait derrière lui, tout ce qu'il voulait, c'était la protéger. Pour toujours. Et ce soir là, les deux jeunes amoureux s'étaient réservés la soirée. S'échappant d'une soirée pour être enfin seuls, Philippe roulait en direction d'un bel hôtel à Londres. Certes, c'était tendu d'agir de la sorte pour une première nuit passé ensemble, mais ils n'avaient pas le choix. C'était ça, ou le labo de chimie chez Pure Derma. Et franchement, y'avait mieux comme endroit. Du coup, Philippe avait tenté. Lorsqu'il s'était garé juste devant, Brynn était descendu d'abord. Elle enleva son casque pendant que Philippe descendait de sa moto, il la regardait du coin de l'oeil. Elle s'approcha doucement pour l'embrasser, un sourire aux lèvres. « Alors comme ça, on emmène n'importe qui à l'hôtel ? » Philippe le laissa avoir par son sourire et son baiser et se mit à rire. « Depuis quand t'embrasse n'importe qui, toi ? » Philippe se faisait tirer à l'intérieur mais trouva sa répartie plutôt bonne. Il n'avait pas l'habitude de parler autant avec une fille, de lui dire autant de choses. Alors, le fait qu'il se laisse aller, comme ça, lui donnait parfois l'impression de perdre son charme. La confiance qu'il a en lui descendait peu à peu et ce n'était pas vraiment un bon point. Brynn et lui marchèrent alors vers la réception, Philippe demanda une chambre - taille moyenne pour ne pas être trop ambitieux non plus - et récupéra la clé. 304. Philippe indiqua l'ascenseur d'un coup d'oeil et ils montèrent tous les deux. Etant donner l'heure tardive, personne ne traînait dans l'hôtel. Et tant mieux pour eux. Philippe attrapa Brynn par les hanches et l'embrassa avec intensité. Ce fut bref mais fort. Ne la quittant pas du regard, le jeune brun replaça une mèche de cheveux derrière l'oreille de Brynn. On se serait cru dans un film à l'eau de rose. « Je suis content. Qu'on soit là, tous les deux. » Pas vraiment romantique comme phrase quand on y pense, mais la pensée y était. Il était content de passer enfin du temps avec elle. Simplement. Et lorsque l'ascenseur arriva enfin à destination, Philippe prit la main de Brynn et l'entraîna dans le couloir, direction leur chambre.

C'était assez difficile pour moi de réaliser à quel point les choses avaient changés depuis quelques semaines. Je n'étais plus du tout la même personne. Du moins sur certains points. J'étais toujours Brynn l'écossaise. Mais je n'étais plus cette fille qui ne voulait faire confiance à personne. Il restait toujours le problème de Danny que je n'avais toujours eu la force de régler, mais le reste semblait rouler comme sur des roulettes. Je ne sentais bien à Londres et dans cette vie que j'avais crée. Certes Philippe y était pour beaucoup. « Depuis quand t'embrasse n'importe qui, toi ? » Je souriais pendant qu'on rentrait dans l'hôtel. « Depuis quelques jours. » répondis-je.
Les clés de la chambre en main, nous partions en direction de l'ascenseur. L'hôtel semblait désert, mais je me rappelais alors qu'il était déjà très tard et que ça n'avait alors rien de surprenant. Dans l'ascenseur, Philippe m'attira contre lui pour m'embrasser. Je passais mes bras autour de son cou pour poursuivre notre baiser. « Je suis content. Qu'on soit là, tous les deux. » Je ne répondis rien d'autre qu'un sourire. Nous étions déjà arrivée jusqu'au bon étage. Philippe m'entraina avec lui. Je lui volait la clé de la chambre pour ouvrir la porte, comme si j'avais cinq ans. Une fois à l'intérieur je regardais autour de moi. C'était une très jolie chambre, sans fioriture superflue, mais coquette. Je me rappelais que j'avais toujours ma robe de soirée qu'il faudrait rendre demain. Ou pas. Et que j'avais toujours les cheveux attachés. Et mes talons beaucoup trop hauts pour moi. J'enlevais alors mes chaussures et détachais mes cheveux. Je secouais un coup la tête pour que mes cheveux se remettent d'eux-même à leur place habituelle.
Je me dirigeais vers la fenêtre et admirait la vue de Londres illuminée dans la nuit noire encre. Ensuite je me retournais vers Philippe. « T'as bien fait de m'amener voir la vue, ça en valait la peine. » rigolais-je. Puis je me laissais tomber sur le lit et admirait le plafond.

Philippe avait beaucoup de mal à ne pas être subjugué par Brynn. Alors qu'il avait passé du temps avec des jeunes blondes particulièrement belle mais parfaitement banale, il remarquait tous les détails du corps ou du visage de Brynn et trouvait tout ce qu'il voyait, mignon et parfait. Penser comme ça n'était pas vraiment quelque chose à dire de vive voix, mais Philippe, de son côté, était heureux de penser de la sorte. De se rendre compte qu'après toutes ces années, il était finalement capable d'aimer pour de vrai. De se laisser faire et surtout, d'avoir trouvé la personne qui le laissait faire. Il se demandait encore comment elle avait pu accepter de sortir avec lui, sachant qu'il était sûrement condamné. Aimait-elle le risque à ce point ? Philippe s'en inquiétait, chaque minute. La regardant entrer dans la chambre d'hôtel, enlever ses chaussures et détacher ses cheveux, Philippe eut une boule au ventre. Stressé à l'idée de ce qui allait passer cette nuit là mais aussi inquiet de ne savoir pas gérer ce genre de situation. D'habitude, elles se jetaient simplement sur lui et fin de l'histoire. Là, il n'en était pas question. « T'as bien fait de m'amener voir la vue, ça en valait la peine. » Philippe pensait tellement à ses petits soucis qu'il avait presque oublier que Brynn était allé jusqu'à la fenêtre pour admirer Londres de nuit. Il laissa s'échapper un sourire et se mit à l'aise, lui aussi. Ouvrant le mini bar, il sortit une petite bouteille de whisky. Il se servit un verre, sec. Se retournant, il vit Brynn, allongée sur le lit. « Tu veux quelque chose ? » Philippe se rendit alors compte qu'il manquait quelque chose à la fin de sa phrase, comme un surnom. Sur le coup, le chérie était presque venu tout seul mais Philippe s'était retenu au dernier moment. « Umh, ça manque définitivement de petits noms tout ça. Il va falloir que je t'en trouve un. » Dans la tête du jeune brun, on pouvait deviner les poussin, chérie, amour, bébé. Mais rien ne semblait assez ... Brynn. Philippe prit une gorgée de son verre en enlevant ses chaussures et en retirant sa veste. Il défit quelques boutons de sa chemise, se mettant à l'aise pour une bonne soirée.

Je pensais soudainement à mon stage qui allait prendre fin un jour où l'autre. Et comme j'allais faire ? Avec toutes les magouilles que j'avais fait pour avoir un stage alors que je ne faisais aucune études. J'avais fait des pieds et des mains pour pouvoir intégrer Pure Derma et approcher Danny. Comme j'allais me sortir de ce pétrin ? Evidemment, le mieux était de ne pas y penser maintenant. À cet instant, j'avais bien d'autres choses en tête beaucoup plus intéressantes que de savoir ce que j'allais faire une fois mon stage touchant à terme.
Je me redressais un peu pour voir Philippe se servir un verre du mini-bar, qu'il but aussi sec. « Tu veux quelque chose ? » me demanda-t-il. Je secouais la tête. J'avais bu bien assez de champagne durant la soirée à l'entreprise. J'avais bien qu'assez d'alcool dans le sang. « Umh, ça manque définitivement de petits noms tout ça. Il va falloir que je t'en trouve un. » Je souriais et m'assis alors sur le lit. j'ébouriffais ma frange dans un réflexe que je n'avais jamais sur contrôler. « Je suis curieuse de savoir ce que tu es capable de me trouver. » lançais-je.
Assise au bord du lit, je laissais balancer mes jambes peut-être un peu trop blanches, mais les origines ne trompent pas. J'aurais pu rester comme ça toute la nuit, même si celle-ci était déjà bien avancée. Nous étions juste les deux. C'était la première fois qu'on était seuls, officiellement en couple. En temps normal, j'aurais eu peur, très peur. Et puis vu les conditions de cette relation, j'aurais du avoir peur. Mais non. Philippe avait tout du prince charmant qu'on attendait toutes. Cette pensée me fis sourire. C'était ridicule et pourtant c'était vrai. Que pouvait-on demander de plus ? Je savais que j'avais de la chance, je savais qu'il n'avait pas eu de relations sérieuses à cause de sa maladie et je savais aussi que s'il avait cédé cette fois, c'était surement pour de bonnes raisons. La réciproque était vraie, puisque je m'étais refusée toute relation depuis que j'avais été trompée. Mais passer à coté de cette histoire... je savais que je m'en serais voulu toute ma vie. La nuit nous appartenait. Même plus.

La situation était plus qu'étrange. La scène était à la fois mignonne et gênante. Tous les deux dans une chambre d'hôtel, on ne penserait pas tout de suite à un couple tout nouveau, passant sa première soirée ensemble. Philippe, qui se sentait assez coupable comme ça, tentait d'oublier cet aspect en rendant la pièce un petit peu plus à leur goût. Déjà, leurs affaires étaient déposées un peu partout. Philippe s'était débrouillé pour changer quelques trucs et que ça ait l'air plus personnel, mais rien n'y faisait, c'était toujours la même chambre d'hôtel. Le jeune brun tenta tout de même d'oublier tout ça, s'aidant du verre qu'il avait déjà quasiment fini. Il s'en servit un autre, buvant tout seul, sûrement pour laisser partir son stresse. Brynn, de son côté, n'était pas intéressée et ne paraissait même pas stressée. « Je suis curieuse de savoir ce que tu es capable de me trouver. » Philippe, du whisky sur les lèvres, ne pu s'empêcher de sourire. Maintenant, au lieu d'entendre des poussin, bébé et amour qui résonnaient dans son esprit, c'était plutôt kekette, poulette ou encore ma poule. Le genre de surnoms qui finalement, ne valait mieux ne pas être prononcé du tout. Philippe ne répondit rien, trop content de l'appeler de cette façon, à un moment inattendu. Brynn était assise sur le lit, pensive. Philippe se jeta sur le lit, prenant littéralement toute la place. Le lit était vraiment confortable, un petit air frais sortait de l'air conditionné et on n'entendait rien, même pas un bruit de pas ou de télé. Ils étaient tranquilles, seuls et même enfin seuls. « Viens là. » Philippe ouvrit un bras et jeta un coup d'oeil à sa brune. La sienne.

J'avais l'air calme et j'avais la sensation d'être calme. Mais comme toujours, il fallait que je me mette à réfléchir, histoire de bien tout foutre en l'air. Et je commençais à paniquer. Pourquoi ? Pour la bonne et simple raison que j'avais peur. Pas peur de Philippe ou de ce qui allait se passer, je m'en doutais et j'avais confiance en lui. Mais peur de ne pas être à la hauteur. Je n'avais eu que deux hommes dans ma vie et aucune autre expérience. Je ne pouvais pas me permettre d'avoir la prétention de me vanter. Et je savais ce qu'il en était de Philippe, je savais qu'il avait eu pleins de filles, pleins d'aventures. Sans doute milles fois mieux que moi. Je ne pouvais pas rivaliser, je le savais. C'était comme ça que je me mettais à stresser. Je n'avais pas le niveau qu'il fallait. Bien sur je conservais mon air serein. Je ne voulais pas lui montrer mon inquiétude et devoir évoquer tout ça. Moins il en savait sur mon inexpérience mieux sa valait pour moi...
Philippe se jeta sur le lit derrière moi, me sortant de mes pensées. Je me retournais vers lui en souriant. Il était allongé en travers du lit, un petit rayon de la lune passait à travers la fenêtre pour éclairer le lit et je le voyais encore plus beau. « Viens là. » dit-il. Sans me faire prier, je me reculais et m'allongeais à coté de lui, la tête appuyée sur son bras. Je le regardais et commençais à faire le contour de sa mâchoire avec mon index. J'avais toujours adoré faire ça « dessiner » les gens. Aucune idée de pourquoi. C'était sans réfléchir que j'avais commencé à dessiner Philippe. Je me rendais alors compte à quel point cette soirée était parfaite. Jusqu'à ce que je trouve le moyen de la gâcher, rien ne pouvait me rendre plus heureuse que cet instant. Je partis alors enfouir ma tête dans le cou de Philippe. « Jsuis bien. » soufflais-je doucement, les yeux fermés.