Philippe avait passé la journée dans les labo et Clyde n'arrêtait pas avec ses questions débiles. « Bon alors ? Vous vous êtes chopé ? » Philippe leva les yeux au ciel, quel romantisme. Etait-il comme ça avant ? « Elle doit embrassé comme une déesse. Hein ? Non ? Si ? » Poussant le bras de Clyde pour pouvoir y déposer ses essais, Philippe ne répondit toujours pas. « T'es chiant, Phil. Tu pourrais faire partager quand même. Pour ton vieux pote, qui lui, n'a aucune vie sexuelle. Ou même sensuelle. » Le laissant sur sa réflexion, Philippe quitta le labo pour écrire son rapport. « Tu veux jouer au gars muet en fait. Elle t'a bouffé ta langue ou quoi ? » Le jeune brun commençait à perdre patience. « Clyde. Tu te calmes, s't'euplé. » « Ok mais sérieux, raconte ! » Philippe se posa sur la chaise et se mit à l'aise pour commencer ses rapports qu'il devait donner au service qualité. Hors de question de faire une faute là dedans, c'était sûrement le plus important quant à la création des produits Pure Derma. « On en parle à la soirée ce soir, mec. Faut qu'on finisse vite fait bien fait ses trucs là. Sinon, on va encore nous tuer. » Clyde fit la moue, insatisfait. « Si jamais elle te change en petit fils modèle, j'la tue cette petite. » Philippe souffla pour se plonger dans ses dossiers. Il n'avait pas changé, il avait juste hâte que la journée se finisse pour éventuellement la retrouver. Et d'ailleurs, le jeune brun n'avait quasiment pas eu de nouvelles d'elle depuis la soirée qu'ils avaient passés ensemble. C'était il y a maintenant une semaine et Philippe commençait à se demander si elle n'avait pas pris peur. Mais en y repensant, il n'avait pas écrit ou essayer de joindre la jolie brune non plus. Clyde, toujours en train de faire semblant d'écrire, se leva d'un coup, comme frappé par la foudre. « Oh j'avais oublié ! Y'a la soirée de gala Pure Derma ce soir. Parfaite occasion de trouver une meuf. » Parfaite occasion de retrouver Brynn, surtout.
Philippe avait enfilé un costume bleu. Il l'avait déposé au pressing quelques heures auparavant et il lui allait maintenant parfaitement bien. Contrairement à Clyde, qui lui, avait encore du mal avec un bouton de sa veste, cassé dans son casier. Il était tout froissé et ne savait pas vraiment comment s'y prendre avec sa chemise. Exaspéré mais amusé, Philippe se contenta de commenter avant d'arriver sur le toit, là où avait lieu la réception. « T'as raison, faut trop qu'on te trouve une meuf. » L'ascenseur s'ouvrit et les deux garçons tombèrent nez à nez avec une foule de gens, tous mieux habillés les uns que les autres. Philippe s'était mis en mode longue vue et faisait tout pour retrouver Brynn. C'est en allant vers le buffet qu'il la trouva. Elle était en compagnie d'un homme, ce qui ne fit pas forcément plaisir à Philippe. Il resta quelques temps au bar, à écouter vaguement Clyde parler et finit par se diriger vers la jolie brune. Arrivé à son niveau, il mit une main dans son dos, l'embrassa sur la joue et prit la parole. « Bonsoir. » Il fit une pause pour reprendre. « Tu es sublime. » Autrement dit, c'est qui ce mec? ? et c'est quoi ce bordel ?

Pure Derma semblait être passé pro dans l'art de faire des soirées au sein de l'entreprise. Partir pour revenir passer la soirée dans le building, bien sur c'était ce dont je rêvais le plus. Après la grande réception en début de semaine, c'était ce soir un gala. J'avais beau critiquer, j'étais dans la salle de bain en train d'essayer de mettre du mascara sans devenir aveugle. Pourquoi je n'étais pas douée pour me maquiller ? C'était incroyable toute cette maladresse dont je pouvais faire preuve. Est-ce que Milan avait la capacité de déteindre sur moi ? Après ce que je considérais comme un succès, j'allais chercher la nouvelle robe que j'avais loué pour l'occasion. Évidemment, pas question de remettre la même que celle de la réception. J'étais donc allée louer une nouvelle robe, rouge cette fois qui m'arrivait juste au dessus du genou, elle était cintrée à la taille, le bas style patineuse et le haut sans manche. Plus simple était introuvable. J'attrapais un élastique et fit une queue de cheval avec ma tignasse brune, laissant seule ma frange à l'air libre, pour une fois qu'elle semblait être disciplinée.
Milan n'avait pas l'air d'être là, mais je n'étais même pas sure qu'il voulait aller à la soirée, après le quasi fiasco de la réception... J'avais décidé d'y aller puisque je n'avais pas eu l'occasion de revoir Philippe depuis, ce qui faisait donc la seconde fois qu'on se voyait. Il était parti précipitamment ce soir là, ce qui m'avait laissé déçue. J'espérais que ce soir il serait là et qu'on pourrait passer plus de dix minutes ensemble. D'accord notre relation restait assez incertaine, mais depuis cette soirée que nous avions passé chez lui, nous n'avions pas eu l'occasion de vraiment se voir, j'étais assez perdue dans ce que nous étions l'un pour l'autre.
Arrivée à Pure Derma, je montais directement sur le toit. Il faisait déjà frais en ce début de soirée et je n'avais pas pris de veste. De toute façon rien dans ma garde-robe ne pouvait aller avec cette robe que j'avais louée. Elle coutait plus de mille livres, heureusement pour moi, j'allais la renvoyer dès le lendemain matin et récupérer mon argent. Je disais bonjour à quelques collègues que je croisais. Je m'étais de plus en plus fait de liens à au sein de l'entreprise. Et je me disais qu'une fois mon stage et ma soutenance terminée, je pourrais peut-être rester travailler ici. Ça ne m'aurait pas déplu...
Un de mes collègue des ressources humaines vint vers moi. Je me souvenais de son visage, mais pas de son nom, ça devait être quelque chose comme Jackson. Oui, peut-être même que c'était carrément Jackson. « Salut, très jolie robe. » dit-il en me tendant une coupe de champagne. Je souriais. « Merci ! Tu es là depuis longtemps ? » lançais-je. Nous commencions à discuter, quand une main se posa dans mon dos. Le contact m’électrifia, je devinais tout de suite qu'il s'agissait de Philippe. Gagné, il m'embrassa sur la joue, pendant qu'un sourire s'étalait en travers de mon visage. J'étais contente de voir qu'il était là.« Bonsoir. » dit-il. « Tu es sublime. » ajouta Philippe. Les papillons dans mon ventre s'agitèrent. « Merci. T'es pas mal non plus. » souriais-je. Je bus dans ma coupe de champagne et me rappelais de la présence de Jackson. « Oh, Jackson, Philippe. Philippe, Jackson. » présentais-je. Même s'il y avait de fortes chances qu'ils se connaissent déjà. Je regardais au loin pour trouver un coin isolé pour pouvoir discuter avec Philippe, seuls.

Philippe était content de voir Brynn. Depuis la soirée qu'ils avaient passé ensemble, ils ne s'étaient même pas entrevu. Et pour sur, ils n'avaient pas pris le temps d'avoir une vraie discussion. Lorsqu'il déposa sa main dans le creux de son dos, Brynn paru surprise, mais agréablement. Elle répondit à Philippe, avec un regard heureux. « Merci. T'es pas mal non plus. » Lui faisant son sourire en coin, Philippe se sentit bien à côté d'elle. Magnifique et sur son 31, ils formaient tous les deux un couple adorable et qui donnait envie d'en savoir plus. Ce n'est qu'après quelques temps que Brynn se souvint qu'elle était accompagnée, avant que Philippe n'arrive. Elle se décida alors enfin à expliquer. « Oh, Jackson, Philippe. Philippe, Jackson. » Philippe tendit la main pour saluer la personne en question mais fut bref quand aux présentations. Celui-ci s’éclipsa assez vite, comprenant tout de suite qu'il n'était pas le bienvenue dans la conversation. Philippe n'avait pas été froid ou sec, par respect pour Brynn mais il aurait très bien pu l'être. Restant tous les deux, ils marchèrent à l'écart de la foule qui s’agglutinait autour du buffet. Philippe en profita. « Je ne savais pas que tu parlais à Jackson. » Non pas que Philippe le connaissait bien, mais il se sentait apte à faire un commentaire à son sujet. Sachant bien sur qu'il ne pouvait se permettre d'être jaloux. D'ailleurs, c'était plus .. de quoi discuter plutôt que de la jalousie. Du moins, c'est ce qu'il pensait. « Comment s'est passée ta semaine ? » Philippe aurait bien zappé toutes les formalités et serait bien passé directement à la partie où il lui demande ce qu'ils sont tous les deux. Cependant, il y avait des formules d'usage à respecter et que ça lui plaise ou non, il n'avait pas le choix. Sortir cela de but en blanc aurait été malvenu. S'asseyant sur un petit banc, d'un côté du patio, les deux bruns profitaient de la vue sur la fontaine mais aussi sur le buffet et tous les employés de Pure Derma venus ce soir. De quoi se rincer l'oeil et faire les commères toute la soirée. Philippe attrapa un verre de coca en passant, qu'il bu quasiment cul sec, en écoutant la réponse de Brynn.

J'étais contente de voir que je ne m'étais pas trompée et que Philippe était là ce soir. Je me disais qu'une nouvelle soirée en sa compagnie n'était pas désagréable, au contraire, c'était peut-être tout ce que je demandais. Un peu de temps pour nous. Depuis la soirée chez lui, ça n'avait pas été possible. Et je devais bien avouer que ça m'avait manqué. J'avais pensé l'appeler et lui proposer une soirée, mais étant donne que je ne savais pas vraiment quel était notre statut, je me disais que je ne pouvais pas me permettre d'être aussi envahissante.
Il était arrivé, comme un prince charmant sur son cheval blanc et il avait vaguement salué Jackson que je lui avais présenté. Peut-être qu'ils ne s'aimaient pas ? Qu'est-ce que j'en savais moi, peut-être qu'ils avaient eu des problèmes... Quoi qu'il en soit, Jackson s'eclipsa rapidement, ce qui ne faisait que confirmer ma pensée selon laquelle la relation entre ces deux là n'était pas au beau fixe. Mais peut-être que je me faisais des idées...
Philippe et moi marchions alors vers un endroit plus tranquille du toit pour pouvoir discuter tous les deux. « Je ne savais pas que tu parlais à Jackson. » Je me tournais vers lui. « Si, il est dans le bureau en face du mien, donc forcément... J'ai pas l'impression que tu l'apprécies énormément, je me trompe ? » demandais-je. Peut-être que je me faisais des films depuis le début. Philippe changea alors de sujet. « Comment s'est passée ta semaine ? » me demanda-t-il. Je haussais les épaules. « Bof, un peu long... je dois commencer mon rapport de stage, c'est pas la partie la plus agréable. Mais vu que je bosse bien, j'ai des trucs plus intéressants à faire, donc je suis contente. » racontais-je. « Je pensais qu'on se serait un peu croisé... » avouais-je. C'était vrai, à par à la grande réception, je n'avais pas croisé Philippe de la semaine, pas même à la cafétéria... Je bus une nouvelle gorgée de champagne, en attendant sa réaction...

Philippe n'était pas d'un naturel jaloux. Il ne l'avait jamais été pour rien, mais en y repensant, il n'aimait pas vraiment qu'on marche sur ses plates bandes. Et c'était sa façon à lui d'être jaloux finalement. Philippe se remémora une journée en classe, où il avait passé des heures à construire un projet qui lui tenait à coeur. Il voulait impressionner une maîtresse, mais aussi une jolie blonde dans la classe. bref, il était passé en dernier et s'était vu rougir lorsqu'un autre camarade de classe avait proposé le même sujet avec la même construction. bien sur, la petite blonde avait fini avec ce garçon là et Philippe avait attendu jusqu'au lycée pour se venger, couchant avec sa copine. Bref, mieux valait de pas marcher sur sa route. « Si, il est dans le bureau en face du mien, donc forcément... J'ai pas l'impression que tu l'apprécies énormément, je me trompe ? » Philippe fit la moue, ne voulant pas avouer que ce n'était pas qu'il ne l'aimait pas, mais juste qu'il ne se voyait pas capable de faire ami/ami avec un voisin de palier de la belle brune, récemment entrée dans son coeur et pas vraiment prête d'en sortir. Il ne répondit rien de plus, espérant qu'elle ait compris. « Bof, un peu long... je dois commencer mon rapport de stage, c'est pas la partie la plus agréable. Mais vu que je bosse bien, j'ai des trucs plus intéressants à faire, donc je suis contente. » Brynn avait pris le temps de raconter sa journée à Philippe et celui-ci fut surpris de s'intéresser et de même vouloir en savoir plus. Il pouvait l'écouter pendant des heures. Et ça, et bien c'était une vraie nouveauté puisque Philippe n'était pas vraiment le genre à écouter sans rien dire. On lui avait même parfois foutu une belle baffe alors qu'il avait demandé à répéter une histoire longue comme une vie entière. Et là, comme par magie, il était capable de tout répéter sans même se tromper d'une syllabe. C'était donc ça l'amour ? Philippe frissonna à cette pensée et écouta de nouveau le son de la voix de Brynn. « Je pensais qu'on se serait un peu croisé... » Philippe, par réflexe, prit ma main de Brynn et la serra contre la sienne. Lui aussi, il aurait aimé. Cependant, il savait que s'il allait trop vite, il risquait de tout gâcher. Après tout, et s'il se lassait ? et si elle voulait juste le Philippe/connard et pas le Philippe/amoureux ? C'était le genre de chose qu'il ignorait et ça le tuait de ne pas savoir se placer. Il libéra alors la main de Brynn pour prendre la parole. « Je sais. » Il fit une pause avant de reprendre. « Mais ce que je ne sais pas, c'est où on va tous les deux. » Philippe fit une nouvelle pause, ne sachant pas s'il était capable de dire la suite. « Je .. je ne veux pas tout gâcher. » Le tu me plais n'était pas sorti. C'était sûrement trop tôt.

Lorsque j'avais expliqué comment je connaissais ce fameux Jackson, Philippe avait fait une drôle de tête. Je m'étais mise à réfléchir et peut-être comprendre quelque chose. Peut-être que finalement ce n'était pas juste Jackson en lui-même qu'il n'aimait pas, mais l'idée de Jackson et moi. Peut-être que Philippe tenait à moi, assez pour être un peu jaloux. J'avais envie de sourire à cette pensée, mais je ne voulais pas m'emballer non plus. Ça avait trop été mon genre de faire ça et de tomber de haut. Très haut. Je préférais oublier ça pour le moment. Peut-être que j'allais plus tard avoir l'occasion de lui demander...
J'avais raconté ma journée, Philippe avait semblé m'écouter avec attention, personne ne semblait m'avoir écouté comme ça depuis bien longtemps. Ça me faisait chaud au cœur de voir que Philippe me portait une attention particulière. Je n'étais pas juste une fille comme ça, visiblement. Qu'aurais-je pu demander de plus ? Rien, à ce jour, tout ce que je voulais c'était pouvoir me dire que Philippe et moi étions quelque chose de vrai, rien que nous deux et personne d'autre...
J'avais été obligé d'avouer d'une certaine manière, qu'il m'avait manqué cette semaine. « Je sais. » répondit-il seulement. D'accord. J'étais un peu surprise parce cette réponse. C'était pas vraiment ce que j'avais attendu... Je baissais les yeux. « Mais ce que je ne sais pas, c'est où on va tous les deux. » Je relevais la tête. Est-ce que c'était positif ou négatif, ça ? Avec Philippe je ne savais jamais à quoi m'attendre, il m'avait déjà prouvé que tout était possible. Comme il était possible qu'il me dise dans deux secondes que finalement, ça ne le bottait moyen de se montrer avec moi (ce qui aurait tout à fait été plausible, quand on y réfléchissait). Je préférais ne rien dire. Pour ne pas sortir une énormité que j'aurais regretté alors qu'elle n'avait même pas fini de sortir de ma bouche. « Je .. je ne veux pas tout gâcher. » ajouta Philippe. Je me rendais compte que je serrais extrêmement fort ma coupe de champagne entre mes mains, stressée qu'il mette le hola sur notre relation à peine commencée. Mais cette dernière phrase me détendit, presque totalement, je desserrais mon étreinte, et je me peris même de prendre une gorgée, ce qui eu pour effet de vider la coupe. Je la gardais cependant dans les mains pour occuper mes dix doigts. « Je veux pas non plus. Je sais pas ce qu'on est, mais je comprends très bien qu'ici c'est pas possible qu'on se montre ensemble je m'en fous. Mais si tu veux pas qu'on soit ensemble tout court... je comprendrai... » ... pas, pensais-je. Mais je me rendais compte que je ne répondais absolument pas à la conversation que Philippe avait lancé : qu'étions-nous l'un pour l'autre ? Tout ce que je savais, c'est que je n'aurais pas supporté de le voir avec une autre. Est-ce que ça voulait dire que je voulais qu'il soit avec moi ? Sans doute. « Mais peut-être que... le reste du temps... on pourrait continuer à se voir, des fois... » tentais-je, incertaine de ce que faisais. Si c'était pas du tout ce qu'il attendait de moi ?

Philippe n'avait aucune idée de ce qu'il voulait. Dans son esprit, c'était un bon gros bordel. Son coeur lui disait que juste l'embrasser et de se lancer dans cette histoire, sans retenue. Sa tête lui disait de faire attention à ne blesser ni Brynn, ni lui-même. Pas question de faire des bêtises. Et puis sa raison lui disait juste de partir, de courir dehors et de ne plus jamais la voir. Alors que faire ? Hein ? Que faire ? Jetant un nouveau regard sur Brynn, Philippe sentit son coeur battre. La question était maintenant, comment oublier ce son dans sa poitrine et passer à autre chose ? Impossible. Brynn prit la parole, laissant Philippe l'écouter avec attention. « Je veux pas non plus. Je sais pas ce qu'on est, mais je comprends très bien qu'ici c'est pas possible qu'on se montre ensemble je m'en fous. Mais si tu veux pas qu'on soit ensemble tout court... je comprendrai... » La discussion était sérieuse. Il y avait une lourde décision à prendre. Et Philippe ne se sentait pas capable de la prendre. De son côté, cette histoire méritait d'être vécue. Mais maintenant qu'elle connaissait son secret, c'était à elle de décider si elle voulait se risquer à cette aventure ou pas. Cependant, Philippe sentit bien qu'elle ne voulait pas prendre la décision toute seule. Elle était presque prête à tout abandonner plutôt que de dire ce qu'elle voulait vraiment. A moins qu'elle ne veuille vraiment rien entre eux ? Philippe était perdu. « Mais peut-être que... le reste du temps... on pourrait continuer à se voir, des fois... » Un peu vexé et même, agacé d'entendre ça. Philippe ne voulu pas laisser plus de temps à Brynn sans savoir. « Bon. Ok. Je n'ai jamais fait ça de ma vie mais je crois qu'il y a une première à tout. » Philippe regardait par terre. Il ne voulait pas croiser le regard de la belle brune. C'était déjà assez dur comme ça. « Depuis que je suis malade, je me suis jurée de ne jamais laisser personne s'approcher trop près de moi. Je ne veux faire souffrir personne. » Une nouvelle pause se fit entendre. « Mais c'était avant que je ne te connaisse. Je n'en avais jamais parlé, je ne l'avais jamais accepté et pour une fois j'ai l'impression que je suis prêt. » Philippe n'avait jamais été aussi sérieux. Planté là, à une soirée, il était en train de se livrer à une jeune femme qu'il ne connaissait à peine finalement. « Donc, la décision te revient Brynn. De mon côté, mon choix est fait. » Il s'était tourné doucement vers elle, osant enfin croiser son regard et bien sur, attendant sa réponse.

Notre avenir à Philippe et moi semblait plus qu'incertain. Pourtant moi, je le voulais plein de promesses. J'avais mis du temps à me mettre ça dans le crane : que c'était possible d'être avec quelqu'un à nouveau. J'avais été trop stupide pour le comprendre tout de suite, mais aujourd'hui, ça me paraissait clair. Philippe n'était pas Kyle, il n'allait pas me faire souffrir comme lui. Ce n'était pas le problème, le problème je le savais c'était son cancer. Pourtant, aujourd'hui, je m'en fichais. Je me sentais prête à surmonter ça. Bien sur je n'avais pas idée de ce dans quoi je m'embarquais, je n'avais jamais été confronté à une telle situation, mais je n'étais pas effrayée. Enfin si, je l'étais, mais il me semblait que c'était une bonne trouille. Une peur qui nous fait avancer.
J'avais expliqué quelque peu mon point de vue à Philippe, mais je n'avais jamais été très douée avec les mots...
« Bon. Ok. Je n'ai jamais fait ça de ma vie mais je crois qu'il y a une première à tout. » Je redressais la tête précipitamment. Mon cœur loupa un battement, mais j'attendais la suite avant de me prononcer. « Depuis que je suis malade, je me suis jurée de ne jamais laisser personne s'approcher trop près de moi. Je ne veux faire souffrir personne. » Je hochais la tête, pour montrer que j'étais attentive, même si je n'étais pas très rassurée. « Mais c'était avant que je ne te connaisse. Je n'en avais jamais parlé, je ne l'avais jamais accepté et pour une fois j'ai l'impression que je suis prêt. » Un vent de chaleur m'envahit l'estomac. Ça me semblait une bonne nouvelle. J'avais l'impression qu'à sa façon, Philippe me disais qu'il tenait à moi. « Donc, la décision te revient Brynn. De mon côté, mon choix est fait. » Je hochais une nouvelle fois la tête de haut en bas. J'inspirais profondément. J'avais une décision à prendre. Étais-je prête à prendre une telle décision, j'avais l'impression d'avoir l'avenir du monde entre les mains. J'inspirais une nouvelle fois. « D'accord. » répondis-je seulement. Je regardais alors Philippe dans les yeux. « D'accord. Je m'en fiche que tu sois malade, j'ai pas peur. J'suis une grande fille. Je me fiche de tout ça. Avant y'a quelques jours, j'étais persuadée que je trouverais plus jamais personne avec qui... avec qui j'aurais envie de construire quelque chose. Enfin tu vois quoi... » Je rougissais, j'allais peut-être un peu vite en besogne, mais je ne trouvais pas d'autre moyen d'exprimer ce que je ressentais. Je baissais les yeux et posais ma coupe de champagne vide, dans un coin. Je relevais mes yeux vers Philippe. Je plaçais mes mains sur ses joues et l'embrassais. Sans me préoccuper des gens autour. Peut-être que j'allais regretter ça, mais il fallait bien se casser la gueule de temps en temps...

Philippe ne s'était jamais autant ouvert pour une fille. Surtout une fille qu'il ne connaissait qu'à peine. Même à sa propre soeur, il n'arrivait pas à s'ouvrir autant. Et pourtant, avec Brynn, c'était comme une évidence. Il était persuadé qu'elle ne jugerait pas, qu'elle n'irait pas au delà des limites, qu'elle saurait toujours être attentive. Mais comment pouvait-il la laisser entrer là dedans ? N'allait-il pas mourir de remords dès qu'il se rendra compte qu'il était trop malade pour lui offrir tout ce qu'elle a toujours aimé. C'était un risque à prendre. De son côté, il l'avait pris. Mais c'était à elle de prendre la décision finale. A elle seule. « D'accord. » Sa réponse n'était pas encore très claire mais au moins, elle réfléchissait, elle songeait à tout cela. Philippe n'en pouvait plus d'attendre, il voulait juste la prendre dans ses bras, la caler sur l'arrière de sa moto et s'en aller à toute vitesse. Loin d'ici. Pour être enfin seuls. Du moins, seuls à deux. Brynn reprit la parole assez rapidement, ce qui soulagea le jeune brun. « D'accord. Je m'en fiche que tu sois malade, j'ai pas peur. J'suis une grande fille. Je me fiche de tout ça. Avant y'a quelques jours, j'étais persuadée que je trouverais plus jamais personne avec qui... avec qui j'aurais envie de construire quelque chose. Enfin tu vois quoi... » Philippe inspira lentement. Il s'était pas vraiment attendu à ce qu'elle dise non et s'en aille mais il était tout de même soulagée que les choses soient aussi claires pour elle. Il prit alors la main de Brynn et la serra avec force. « Je vois très bien, puisque c'était pareil pour moi. Mais ... » Il avala sa salive, lentement. « Je veux juste m'assurer que tu ne souffriras pas. » Plongeant son regard dans celui de Brynn, Philippe se promit intérieurement qu'il se débrouillerait pour essayer de toujours limiter la casse et de lui offrir le plus possible dès maintenant. Passant sa main derrière le cou de Brynn, Philippe s'approcha pour lui donner un baiser. Tendre et amoureux, il ferma les yeux, laissant les choses se faire, sans stresse. Juste en profitant.

Je ne voulais pas que mon discours fasse croire à Philippe que je voulais me marier, avoir deux enfants et un labrador. Ce n'était pas ce que j'avais voulu dire, mais j'étais incapable de mettre les mots exacts sur mes pensées. Pourtant, j'avais l'impression que peu importait et que Philippe me comprenait quand même. Soudain notre début de relation semblait prendre un tournant beaucoup plus officiel, qui me plaisait. « Je veux juste m'assurer que tu ne souffriras pas. » expliqua-t-il en me fixant avec ses yeux bleus perçant. Incapable de dire quoi que ce soit face à ce regard, je me contentais de hocher la tête de haut en bas. Et Philippe s'approcha doucement de moi avant de m'embrasser. C'était le baiser le plus posé qu'on avait pu avoir. Depuis le début de tout ce que nous avions pu entreprendre, il y avait toujours eu des questions, des « pourquoi ? », des « qu'est-ce qu'il va se passer après ? » Et maintenant plus rien. Je me foutais de tout, parce que je comprenais qu'à cet instant, Philippe était à moi. Personne d'autre. Et que c'était réciproque. Je serrais mes bras autour de son cou, sans m'intéresser à la soirée qui continuait son cours autour de nous deux. Tout disparaissait. Je me décollais de lui, tout en gardant une main agrippée autour de son cou. Je me mordais la lèvre inférieure. Désormais, j'avais envie de plus... Je savais que nous étions ensemble et je n'avais plus peur de rien. « Peut-être qu'on pourrait aller ailleurs ? » suggérais-je, en souriant. Impossible d'aller chez moi, parce que je ne savais pas qui pouvait bien être là. J'avais envie de passer le reste de la soirée, juste avec Philippe. Juste lui et moi, une nouvelle fois.

Brynn avait rendu à Philippe son baiser, avec peut-être même un peu plus d'intensité. Le jeune brun avait bien du mal à réaliser qu'il était maintenant en couple. Depuis le temps qu'il s'était toujours interdit cela, depuis qu'il s'était juré de ne jamais allé aussi loin mais plutôt de collectionner les filles au bar. Là, il était juste complètement fou d'une brune à frange avec qui il travaillait. N'était-ce pas juste l'opposé de tout ce qu'il s'était promis ? Si. Mais il s'en fichait. Les yeux posés sur Brynn qui se mordait la lèvre, absolument rien ne comptait plus qu'elle et son bonheur. « Peut-être qu'on pourrait aller ailleurs ? » Philippe sentait du désir dans ses beaux yeux. Il ne put s'empêcher de laisser sortir son petit sourire en coin et passa son bras droit sous les genoux de Brynn, l'autre était autour de ses épaules. Il la porta ensuite, comme s'ils étaient seules, comme si personne ne pouvait voir à quel point c'était cliché, et il marcha en direction de la sortie. Philippe n'avait encore aucune idée d'où il allait emmener Brynn mais il savait qu'il n'avait pas l'appartement pour lui tout seul ce soir. Ava était restée à la maison, c'était sûr. Et bien qu'il ne veuille pas du tout ne pas présenter Brynn, il voulait juste éviter d'avoir sa soeur dans les pâtes pour sa première soirée d'homme en couple. Réfléchissant assez vite, il arrivèrent à la moto et Philippe ne savait comment lui dire. Il l'embrassa en la posant par terre, avant de parler. « Ma soeur est à la maison. Si on va chez moi, on ne sera pas tranquille. » Philippe espérait qu'elle comprenne. Il ne voulait pas passer tout de suite pour le mec le plus fermé qui existe. Il voulait juste l'avoir pour lui tout seul. La meilleure solution semblait être une chambre d'hôtel. Mais Philippe avait honte rien que d'y penser. Est ce que ça n'allait pas faire gros lourd ? Voulant absolument passer à autre chose ? Philippe n'osait pas regarder Brynn dans les yeux. C'était la seule solution mais comment le faire savoir ? Allait-elle y penser ? Pas sur. Tout allait super vite dans la tête de Philippe. Et pour éviter tout quiproquo, autant aller directement sur place et voir ce qu'elle allait dire. « J'ai une idée. » Il prit le casque passager et le tendit à Brynn. Il monta ensuite sur la moto, suivit de sa belle brune. Il démarra et la moto s'échappa en une dense fumée grise.