charlie & maggie.

Ça avait commencé comme une journée normale. Maggie avait passé une bonne partie de la matinée dans la salle courrier, à trier le courrier arrivant par étages, puis par bureau. Une sacré galère. Ce qui prenait au commun des mortels une petite heure à tout casser lui prenait à elle facilement une bonne moitié de la matinée avec son petit souci avec les lettres. Mais elle s'était fait plein de trucs et astuces et, depuis bientôt un an qu'elle était là, elle avait gagné pas mal de temps sur ces scores du début. Et puis, c'était souvent les mêmes qui recevaient du courrier, elle avait de la chance que les 2 000 employés de la boîte n'aient pas une lettre chaque matin. Le plus souvent, ça allait aux responsables des différents services, donc elle apprenait à se roder.
Dix heures trente bien passé, Maggie classait la dernière enveloppe dans son chariot. Elle était prête à partir, lorsque la porte de la salle courrier s'ouvrit brusquement, sur l'un des responsables du service financier. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle sentait que cette entrevue se passerait mal. Il s'avança jusqu'à l'espèce de comptoir qui délimitait son espace et "l'espace des relous", comme elle l'appelait. " Bonjour mademoiselle. Dites moi, vous n'auriez pas une enveloppe pour moi ? Johnson. Kyle Johnson. J'en ai absolument besoin pour ma réunion de onze heures. " Elle avait envie de répondre quelque chose comme et alors, c'est pas mon problème! mais elle se retint. Il fallait qu'elle apprenne à se calmer, à tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler et de penser aux conséquences avant de foncer droit sur les autres comme ça. Elle lui afficha donc un léger sourire et fouilla dans sa pile de courrier. Après quelques secondes, elle finit par mettre la main sur une grosse enveloppe avec K.Johnson, service financier inscrit dessus. Elle la tira de la pile, victorieuse, et la présenta au trentenaire. Au moment de la prendre, sûrement sous l'emprise d'un sort du Malin, il posa malencontreusement ses yeux sur le petit bureau de Maggie. Et l’agrafeuse rouge. Rouge avec un petit papier blanc collé avec du scotch, sur lequel était écrit K.J. Pas de doute ! Il écarquilla les yeux, chopa l'enveloppe et s'adressa à la demoiselle. " Eh mais... Mais... Mais c'est mon agrafeuse ça ! "

(...) " CHARLIE ROSENBACH OUVRE MOI TOUT DE SUITE ! " La brunette tambourinait à la porte du labo de son ami. Elle ne savait même pas si il pouvait l'entendre, mais en tous cas, tout l'étage s'était retourné sur elle. La porte possédait une petite vitre, sur laquelle elle tapait du poing sans relâche, pour attirer son attention. Elle allait le tuer. Non.. Pas le tuer, simplement l'engueuler. Quoi que, elle le connaissait, et elle se connaissait quand elle était avec lui, elle ne pourrait pas l'engueuler. Mais il fallait qu'elle marque le coup. D'habitude, il l'informait toujours de la provenance de ses cadeaux : c'est à dire au moins de quel étage il provenait. Elle avait au moins une chance de le planquer derrière un post-it lorsque le propriétaire débarquait à l'improviste dans la salle courrier. Mais là, rien du tout. Niet. Nada. Elle avait bouillonnait tout le long jusqu'ici. Elle était tellement mal qu'elle avait descendu les 3 étages à pied, pas le courage de prendre l'ascenseur et de se retrouver serré entre les mamies qui puent et les jeunes stagiaires stressés. " CHARLIE SORS TOUT DE SUITE TON NEZ DE CETTE ÉPROUVETTE ET VIENS ICI ! " Elle aurait pu rentrer et le tirer par le col de sa blouse, mais elle avait beau être dans tous ses états, elle n'était pas suicidaire. Le responsable de l'étage veillait au grain, concernant la qualité et l'hygiène. Pas le droit de rentrer dans les labos sans une blouse blanche propre et les mains correctement lavées. Et puis, elle avait attiré l'attention de tout le monde alors, valait mieux respecter un minimum les règles.