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+ time is money, business is business.

« Fawley, il arrive cet article ? Comment ça t’as pas vu le temps passer ? Tu crois que le boss te paie à glander ? Lauren m’a demandé cet article il y a une heure déjà ! » La journée commençait bien. Quel incapable celui-là, songeais-je, fulminante alors que je retournais vers mon bureau en claquant des talons. Fawley était le modèle type de l’employé fainéant qui n’en touchait pas une. Il devait certainement toucher autre chose mais… je ne préférais pas imaginer. Une moue de dégoût me secoua avant que je m’installe dans mon fauteuil, prête à pianoter sur mon clavier à une allure folle. Le problème avec ce type -oui, j’avais énormément de mal avec lui, c’était peu dire-, c’est qu’il considérait son poste comme un « moyen de traîner sur facebook et twitter toute la journée ». Okay, on travaillait certainement dans le département des réseaux sociaux mais on n’était décidément pas payé à exploser les records sur Candy Crush. J’ouvris la fenêtre du logiciel de communication interne de l’entreprise et envoyait aussitôt un message à mon amie Lauren, qui s’occupait de la gestion du site web et du blog de l’entreprise. « Désolée darling, l’autre empoté n’a pas encore terminé son article. Je te forward les autres articles à rajouter au blog, tu me diras ce que t’en penses. Ksénia. » J’allais appuyer sur la touche d’envoi lorsque je réalisais que je ne pouvais pas envoyer ce message. Je décidais donc d’enlever « l’autre empoté », le remplaçait par un « Fawley » et appuyais sur la touche d’envoi. Aucun doute qu’elle comprendrait mon sous-entendu. Ce n’est pas comme si je ne m’étais jamais plainte de lui auparavant. J’entrepris alors de sélectionner les photos à publier sur facebook, les agrémentant des textes sélectionnés puis tournai mon attention vers le compte twitter de Pure Derma. De nombreux internautes avaient déjà répondu à l’enquête de la semaine, dont les résultats allaient donner pas mal de boulot au département marketing. J’étais en train d’enregistrer toutes leurs réponses par le biais de logiciels, lorsque mon téléphone sonna. « Oxana Lakhovsky » répondis-je, sans plus d’indication, vu qu’il s’agissait d’un appel interne. « Miss Lakhovsky, j’attends toujours les rapports que vous deviez m’envoyer il y a une demi-heure… » Me susurra une voix chaude et suave. Je reconnus sa voix aussitôt et ma main resserra imperceptiblement le combiné. « J’étais sur le point de vous les envoyer, monsieur Kendricks. » Un blanc ponctua la conversation et, à l’autre bout du fil, j’entendais la respiration de l’homme derrière le combiné. « Bien, miss Lakhovsky. » Je voulus aussitôt raccrocher le combiné mais quelque chose m’en empêcha. « Autre chose, monsieur Kendricks? » Il n’était absolument pas mon supérieur, du moins, dans l’ordre hiérarchique des choses. Pourtant, il restait néanmoins au dessus de moi et cela m’agaçait, en quelque sorte. « Non. » Sa réponse fut brève. J’allais déposer le combine lorsqu’il déclara, de but en blanc. « Belles chaussures. » Et la conversation se coupa, me laissant pantoise avec le combiné entre les mains. C’est à cet instant précis qu’entra Lauren dans mon bureau. Depuis quelques jours, elle avait prit la fâcheuse manie d’entrer sa frapper. Elle s’arrêta aussitôt sur le seuil, me dévisageant, la moue amusée. « Hé bien, tu en fais une de ces têtes! » Je reposais alors le combiné, affichant mon plus merveilleux sourire. « Oh non, ce n’est rien. Je suis tombée sur un client étrange. » Elle m’étudia quelques instants, pesant mes paroles, avant d’ajouter : « Oh oui, j’ai déjà eu ça. Un gars m’a appelée un jour, alors que j’étais encore stagiaire et s’est mis à me faire une déclaration par téléphone. Je devais faire la même tête que toi. On va boire un café ? » Clignant des yeux, j’hochais la tête comme pour affirmer ses propos, encore troublée par ce revirement de situation. « Fawley ne m’a pas encore donné son article, je t’ai envoyé tout le reste sur ton compte. » Elle leva la main en l’air, signifiant que ça n’avait pas d’importance. « T’en fais pas, je ne suis pas pressée. J’ai entendu en venant que tu t’étais encore bien défoulée sur lui, le pauvre. » Cette simple remarque eut le don de me faire complètement oublier Kendricks. « Non mais, sérieusement ! Ce gars est un boulet, Lauren ! Tu l’aurais dans ton service, tu compatirais au moins avec moi ! » Elle éclata de rire, tout en me poussant dans le dos pour que je sorte de mon bureau et qu’on aille enfin boire ce café.