Une semaine. Sept jours. Cent soixante-huit heures. Dix mille quatre-vingts minutes. Autant de temps que j'avais passé dans cette boîte en évitant de le croiser. Ne cherchez pas à savoir comment j'ai fait. Je ne le sais pas moi-même. Pourtant, les rumeurs courant très facilement dans l'entreprise, j'étais persuadée que j'allais me retrouver avec lui me cherchant dans mon service. Mais ce ne fut pas le cas. Peut-être m'avait-il complètement oubliée, peut-être que Tahlia, pour lui, n'était qu'un nom parmi tant d'autres et qu'il ne se rappelait même plus de ce à quoi je ressemblais. Après tout, il n'avait même pas essayé de me rattraper après notre ultime dispute.

J'avais entendu et lu des rumeurs. Il en baiserait certaines, ce qui ne m'étonnait pas plus que ça. Deux années après mon départ, le service des ragots s'était mis à la pointe de la technologie et avait ouvert un petit "journal" en ligne. Parfait pour la discrétion.Et parfait pour apprendre des tas de choses malsaines sur son ex. Heureusement que cela n'avait pas existé au moment où j'étais tombée enceinte...

Je quittais mon bureau, habillée d'un pantalon gris de tailleur, d'un chemisier blanc ouvert sur un collier d'argent et d'une paire de talons aiguilles noirs, comme à mon habitude. Mes cheveux volaient sur mes épaules, tandis que j'avançais de bureau en bureau. J'adressais un sourire à l'une des assistantes qui avait fait de l'excellent boulot ces derniers jours, et je traversais le grand open-space pour tomber dans le couloir séparant l'espace marketing de l'espace commercial. C'est là que je le vis. Il avait pris quelques rides, peut-être, mais il était toujours aussi attirant. Il en imposait toujours autant, et je compris à nouveau pourquoi tant de gens le craignaient dans l'entreprise. Il avait les yeux penchés sur un papier qu'une jeune femme lui montrait et je vis par cela la seule manière de m'échapper et de continuer de l'éviter s'ouvrir à moi. Je tournais les talons et traversais le couloir, bourré de monde à cette heure de la journée. Je passais entre quelques personnes, et me fis interpeler. " On avait donc dit vrai! Tu es revenue, Tahlia! " Je fis semblant de ne pas avoir entendu, et atteignais avec soulagement la porte donnant sur la cage d'escaliers. Je la refermais derrière moi et m'appuyais contre le mur. J'étais essoufflée, sans aucune raison. Enfin... si. Wade était toujours aussi attirant. Semblait toujours aussi froid et autoritaire. Et surtout, était toujours entouré d'autant de femmes. Désespérant...

Je venais de déjeuner avec des collègues de bureau, des directeurs exactement. Je n’avais pas eu envie de me mélanger à la populace dirions-nous. Quoique j’aimais les fréquenter par moment. Mais ce n’était pas le cas pour ce midi, nous avions mangé dans le restaurant d’en bas de la rue. Trois chefs en costumes et avec une arrogance pure et dure. Nous étions connus dans le coin et les femmes avaient toutes gardé leurs regards sur nous. J’adorais me montrer et afficher mon "pouvoir", j’aimais être désiré tout simplement. Ensuite nous étions remontés dans nos services respectifs, j’avais repris le travail en lisant un papier qu’une assistante m’avait tendu. J’étais sérieux comme à mon habitude mais l’heure était à la digestion. D’ailleurs les couloirs étaient carrément bondés, tout le monde n’avait pas repris son poste.

« Ok bon laissez-moi une copie sur mon bureau, je m’en occuperai plus tard. » Je n’avais même pas accordé un regard à cette charmante jeune femme brune qui se tenait devant moi. J’étais de plus en plus froid et je m’en rendais même pas compte.

En levant enfin les yeux vers la foule qui faisait trop bruit à présent pour ma petite personne, je l’ai vue… J’ai cru rêver pour tout dire. Une hallucination, un mirage, non ce n’était pas possible. Bon c’était vrai que j’avais entendu des rumeurs à son sujet. Mais était-elle vraiment revenue à Pure Derma ? Je n’avais même pas cherché à aller à sa rencontre car j’étais persuadé que ce n’était pas vrai. J’avais encore des souvenirs très présents la concernant. J’avais un cœur de pierre, il parait. Mais pas pour elle. Je n’avais certainement pas montré que j’avais été affecté de la perdre… Enfin en apparence car le soir venu je m’étais laissé aller à une déchéance d’alcool et de filles. Cela n’avait duré que quelques mois, jusqu’à ce qu’on m’ait fait une remarque au travail. Arriver tous les matins avec des lunettes de soleil en plein hiver car j’avais la gueule de bois, c’était loin d’être crédible pour ma réputation. J’avais merdé avec elle et je n’avais rien assumé.

Mais je pensais à elle tous les jours depuis presque une semaine, quand j’avais entendu son prénom. Il était temps de me fixer pour de bon, je me dirigeais alors vers ce bout de couloir où cet ange avait disparu. Cette porte… Mauvais souvenirs. J’ai hésité et puis je l’ai ouvert brusquement pour ne pas changer d’avis. Et là je suis resté sur le cul, Tahlia se tenait là non loin de moi. J’étais comme sans mot.  Je l’ai regardée quelques secondes sentant mon cœur battre un peu plus fort et j’ai fait un pas. La porte a claqué derrière moi et j’ai sorti une réplique à la con avec un air de débile tellement j’étais sous le choc.

« Tahlia, ça fait longtemps. Ca va ? »

Je restais figée dans cette cage d'escaliers. Je n'avais pas pensé aux souvenirs qu'elle raviverait. Après tout, c'était ici que tout s'était terminé, ici que, deux ans auparavant, je lui avais dit qu'il n'y avait plus de "nous deux". Enceinte. Enceinte d'un petit bout de nous que j'avais perdu deux semaines plus tard. Le médecin avait justifié cela par un grand stress. Sur le coup, cela ne m'avait pas fait rire, mais aujourd'hui, je trouvais ça plus que logique. J'avais perdu son fils à cause de lui. Et je lui en voulais toujours terriblement aujourd'hui.

Les pas résonnaient. Je ne faisais pas attention lorsque la porte claqua, mais son odeur arriva rapidement à mes narines. Je gardais les yeux baissés. Je savais que c'était lui, mais je ne voulais pas y croire. Je ne voulais pas le voir, ni même lui parler. A vrai dire, si je pouvais même oublier son existence cela m'arrangerait. Je mis un certain temps à comprendre ce qu'il venait de dire, et lorsque je saisissais le sens de sa phrase, je riais nerveusement. Je glissais une main dans mes longs cheveux et relevais enfin la tête.

" Ca fait longtemps, et ça va? C'est tout ce que tu trouves à me dire? En même temps, cela ne m'étonne pas vraiment de toi, Wade. "

Il comprendrait vite que j'avais changé ces deux dernières années. Plus forte, avec plus de répondant et surtout, beaucoup plus colérique. Je pouvais maintenant rentrer dans des rages noires pour pas grand chose. De plus, ma timidité s'était largement améliorée, et c'était très bien comme cela.

" Alors, qui as-tu baisé cette semaine? La standardiste? Ou peut-être même une cliente à la recherche d'un anti-rides? "

Je m'étais redressée, n'étant plus contre le mur. Malgré mes talons, il restait un peu plus grand que moi, mais maintenant, deux ans après, j'osais. J'osais lui tenir tête et l'attaquer moi-même alors qu'avant, il fallait que j'y réfléchisse trente-six fois avant de le faire. Mes doigts jouaient néanmoins nerveusement sur mon alliance, que je gardais comme bijou.

" Deux ans, et tu n'as même pas changé. Je crois que tu es un cas désespéré. En fait, non. Je ne crois pas, j'en suis certaine. Combien de coeurs as-tu brisés ces deux dernières années, Wade? Combien de filles dans mon genre as-tu baisé? Après tout, c'est ton passe-temps favori. "

La rage m'aveuglait. Je ne pensais pas qu'elle serait toujours si nette deux ans après... mais après ces vives paroles, je me sentais épuisée, fatiguée d'avoir lâché tout mon venin sur cet homme qui me fascinait et me répugnait à la fois.

« Ça fait longtemps, et ça va? C'est tout ce que tu trouves à me dire? En même temps, cela ne m'étonne pas vraiment de toi, Wade. »

Tahlia était la même physiquement quoiqu’elle avait pris de l’assurance et que ça se voyait sur sa façon de se tenir. Elle était toujours aussi magnifique, je craquais déjà rien qu’en posant mes yeux sur ses divines courbes. Cependant je pouvais lire la rage qui sortait encore d’elle, c’était plutôt impressionnant car elle me bouffait carrément. Tahlia avait changé de caractère, je l’avais rendue plus forte certainement… Je n’ai même pas répondu car je sentais qu’elle cherchait le conflit.

« Alors, qui as-tu baisé cette semaine? La standardiste? Ou peut-être même une cliente à la recherche d'un anti-rides ? »

J’ai soupiré en l’écoutant me poser ce genre de questions, un sourire en coin était apparu car je me disais qu’elle n’était vraiment plus la même personne. Elle me défiait, c’était intéressant. Je ne la quittais pas du regard, pas question de montrer qu’elle me rendait faible. J’étais sous son charme, elle me pestait au visage mais elle me plaisait énormément. J’étais sûrement sadique.

« Deux ans, et tu n'as même pas changé. Je crois que tu es un cas désespéré. En fait, non. Je ne crois pas, j'en suis certaine. Combien de coeurs as-tu brisés ces deux dernières années, Wade? Combien de filles dans mon genre as-tu baisé? Après tout, c'est ton passe-temps favori. » Je rentrais mes mains dans les poches de mon costume bleu nuit de marque. J’ai soupiré une nouvelle fois, je devais lui répondre.
« Non je n’ai pas changé et pourquoi faire ? Toi par contre tu penses avoir changé mais au final tu as toujours cette rancune envers moi. Deux années entières ne t’ont pas permis de passer à autre chose ? D’ailleurs pour quelle raison es-tu de retour parmi nous ? Non pas que je n’apprécie pas de te revoir mais si tu comptes me crier dessus à chaque fois. Non c’est très désagréable. » Je gardais un ton calme, ce que je venais de lui sortir allait créer un tsunami. Pourquoi je l'avais fait ? Je ne savais même pas, j'étais froid et égoïste voilà tout. Je ne m'avouerais jamais qu'elle m'avait terriblement manqué et que ce qu'elle me balançait me faisait mal.

Deux années plus tard, la haine était encore intacte. Je savais que c'était ridicule, qu'entretemps, j'aurais dû passer à autre chose, mais le fait qu'il m'ait trompée m'avait rendue tout bonnement malade. J'acceptais beaucoup de choses, j'estimais être une fille assez forte, mais la trahison et l'infidélité étaient des traits que je ne supportais pas, et que Wade avait eus durant la majeure partie de notre relation.

Je débitais mes paroles sans qu'il ne réagisse. Il me détaillait, et cela m'insupportait. Comment pouvait-il agir comme cela après ce qu'il m'avait fait? Je m'étais donnée à lui, sans concession, et lui avait joué avec mes sentiments. Aujourd'hui, il me regardait toujours comme si j'étais un morceau de viande. J'étais jolie, attirante et plutôt bien formée, je le savais, et je savais aussi que l'on se retournait facilement sur moi dans la rue, mais je voulais plus qu'il me regarde de cette manière. Jamais.

Les paroles qu'il prononça me firent bouillir de rage. Comment osait-il? Comment osait-il me reprocher le fait d'avoir toujours autant de rancoeur envers lui? Ce type était un sombre connard, peut-être encore pire que ce que j'avais imaginé.

" J'ai changé. La Tahlia d'il y a deux ans n'aurait jamais osé se confronter à toi. J'ai changé sur bien des points, et sur des choses que tu ne soupçonnes pas. Quant à ma rancoeur, je pense que si tu avais un coeur, deux ans après, tu serais aussi en colère contre une femme qui, durant un an, a fait n'importe quoi et t'a trahie dans ton dos. Mais tu n'as pas de coeur donc, tu ne peux pas comprendre. "

Je crachais mon venin, je disais toutes ces choses que je gardais en moi depuis des mois, des années même. Mon voyage aux USA m'avait fait un bien fou, mon mariage aussi, mais me retrouver face à lui ne faisait que réveiller de vieux démons.

" Quant à mon retour, je te rappelle que j'ai ma mère ici, mes frères et mes amis les plus proches. Si c'est ce que tu demandes, non, je ne suis absolument pas revenue pour toi. Parce que dans mon esprit, c'est clair : toi et moi, ça n'existe plus, et ça n'existera JAMAIS plus. Je ne peux pas nier le passé. Mais je peux dire que cela n'arrivera plus. "

« J'ai changé. La Tahlia d'il y a deux ans n'aurait jamais osé se confronter à toi. J'ai changé sur bien des points, et sur des choses que tu ne soupçonnes pas. Quant à ma rancoeur, je pense que si tu avais un coeur, deux ans après, tu serais aussi en colère contre une femme qui, durant un an, a fait n'importe quoi et t'a trahie dans ton dos. Mais tu n'as pas de coeur donc, tu ne peux pas comprendre. »

Je gardais un calme incroyable, c’était limite pas humain. Je ne pensais vraiment pas m’engouffrer dans ce genre de discussion, encore moins là maintenant en passant cette porte. Il était vrai que nous n’avions jamais pu nous expliquer sur ce qui c’était passé… Mais était-ce vraiment nécessaire ? Tahlia semblait penser que oui. Je me résignais donc à l’écouter sans la couper. Je connaissais bien les femmes, il fallait les écouter… Encore et encore. J’espérais qu’elle rangerait sa rage quelques instants plus tard.

« Quant à mon retour, je te rappelle que j'ai ma mère ici, mes frères et mes amis les plus proches. Si c'est ce que tu demandes, non, je ne suis absolument pas revenue pour toi. Parce que dans mon esprit, c'est clair : toi et moi, ça n'existe plus, et ça n'existera JAMAIS plus. Je ne peux pas nier le passé. Mais je peux dire que cela n'arrivera plus. »
« Je ne t’ai jamais fait de promesses en même temps, on avait pas décidé des conditions de notre relation à l’époque. Bon j’avoue que j’ai dépassé les limites, mais je pensais te revoir après ce soir-là. Je ne t’ai pas couru après parce que pour moi j’allais pouvoir te parler le lendemain. Tu as fuis comme une gamine. » Le dernier mot est sorti tout seul, j’avais peut-être trop parlé.

J’étais plus vieux qu’elle et à l’époque il était vrai que je l’avais prise pour une idiote. J’avais mal jugé cette beauté, elle m’avait ensorcelé plus que prévu et je m’étais retrouvé comme un con tout seul. J’ai joué avec le feu, de trop. Je l’ai trompée à plusieurs reprises sans aller bien loin, enfin en ne mêlant pas de sentiments. Ce qu’elle ne savait pas c’était que j’étais amoureux, trop fier je ne lui avais jamais dit. J’ai finalement sorti une main de mes poches pour m’approcher d’elle et la poser sur son bras délicatement.

« J’aime la femme que tu es devenue. » La brune allait me retomber dans les bras aussi vite que je le présageais.

Sa froideur et son apparence je m'en foutiste me rendaient malade et surtout, folle de rage. Les paroles sortaient seules. Je ne pouvais pas les retenir. Tout ce que j'avais pensé et ressenti ces deux dernières années, tout ressortait. J'avais besoin de le dire, de lâcher ce que j'avais sur le coeur, et pourtant, je n'aurais jamais cru que cela se passerait comme ça dès notre première "rencontre" post-rupture.

Ses paroles, et surtout son dernier mot, me firent écarquiller les yeux. Pour qui se prenait-il? " Gamine? Tu oses me traiter de gamine alors que t'es incapable de baiser une femme qui dépasse la trentaine? " Encore une fois, les mots sortaient tout seuls, mais je ne regrettais pas ce que je disais. Il méritait chaque insulte, chaque pointe de mépris. Il dépassait les bornes.

" Tu ne m'as jamais rien promis, non. Mais les dîners, les soirées, les journées passées ensemble sous-entendaient tout. Si tu n'as pas compris que pour moi, c'était exclusif, c'est que tu étais bien stupide. En fait, je pense plutôt que tu as tourné ça à ton propre avantage, en faisant comme si de rien n'était alors que tu savais très bien ce que tu étais pour moi. Je n'ai jamais caché mes sentiments. " Je reprenais mon souffle et laissais quelques secondes passer. Mon regard lançait des éclairs, et si mes yeux avaient été des revolvers, il serait déjà mort sur place depuis longtemps. " J'ai fui, tu as raison sur ce point. J'ai fui parce que je n'étais pas assez forte pour résister et pour ne pas te laisser revenir. Je me connaissais. Au bout d'une semaine d'excuses, j'aurais passé l'éponge. Et il en était hors de question, ce manque de caractère avait déjà causé bien trop de dégâts. "

Je parlais bien sûr de ma grossesse, mais il n'en savait rien. Il savait que nous avions pris des risques, vu que j'avais mis en avant le fait que je ne prenais plus la pilule pour le repousser, mais il n'avait jamais su que j'étais enceinte. Le jour où j'avais voulu lui dire est le jour où tout avait dégénété...
Sa remarque suivante et son geste me firent battre retraite en arrière. Je me dégageais de sa main, mettant les miennes devant moi.

" Ne me touche pas, Wade. Ne me touche plus, n'imagine plus jamais rien, parce que c'est terminé. Parce que je ne veux plus de toi, et parce que, de toute façon, je suis prise. "

Léger mensonge... mais je restais mariée, après tout.

« Gamine? Tu oses me traiter de gamine alors que t'es incapable de baiser une femme qui dépasse la trentaine? »
« Touché. » Un sourire en coin et me voilà trop arrogant encore une fois. Elle avait raison sur toute la ligne, j’étais sans défense.

« Tu ne m'as jamais rien promis, non. Mais les dîners, les soirées, les journées passées ensemble sous-entendaient tout. Si tu n'as pas compris que pour moi, c'était exclusif, c'est que tu étais bien stupide. En fait, je pense plutôt que tu as tourné ça à ton propre avantage, en faisant comme si de rien n'était alors que tu savais très bien ce que tu étais pour moi. Je n'ai jamais caché mes sentiments. »
« Et toi tu as dû comprendre que je n’étais pas le genre à me poser. Tu sais très bien que je me suis marié parce que mon ex-femme était tombée enceinte, j’ai assumé mais ce n’était pas un grand mariage rempli d’amour. Tu sais très bien comment je suis et ça ne t’a jamais empêché de me dire oui à tout. Je suis Wade l’homme sans cœur, certes c’est ce qu’on dit de moi. Mais tu ne sais pas tout, je tenais à toi. » Je me doutais bien qu’un je tenais à toi chérie n’allait pas suffire à combler la demoiselle.

« J'ai fui, tu as raison sur ce point. J'ai fui parce que je n'étais pas assez forte pour résister et pour ne pas te laisser revenir. Je me connaissais. Au bout d'une semaine d'excuses, j'aurais passé l'éponge. Et il en était hors de question, ce manque de caractère avait déjà causé bien trop de dégâts. »
« Alors tu es plus forte aujourd’hui d’après ce que je comprends, je t’ai donc aidé à changer en mieux. Excuse-moi mais tu as l’air plus heureuse ainsi non ? » J’avais le don de m’octroyer tous les lauriers, j’avais fait la connerie de la tromper et je tournais ça à mon avantage comme elle le disait si bien. J’étais l’homme responsable de son changement de comportement, changement qu’elle était fière d’arborer.

« Ne me touche pas, Wade. Ne me touche plus, n'imagine plus jamais rien, parce que c'est terminé. Parce que je ne veux plus de toi, et parce que, de toute façon, je suis prise. » Le fait qu’elle s’écarte de moi me procurait une sorte d’attirance encore plus forte. Je ne devais pas prendre la situation comme un jeu… Même si la voir me résister me donnait envie de la reconquérir de plus belle.
« Ah tu parles de cet anneau que tu as au doigt ? Aucune importance pour moi. Tahlia je m’en fous que tu sois prise ou non, on en aura jamais fini tous les deux et tu le sais. » Elle devait bien se douter que je n’allais pas abandonner si facilement, surtout qu’elle lisait bien en moi… Elle avait vu que j’étais amoureux à l’époque et qu’aujourd’hui elle avait le don de me rendre accro en quelques secondes. Je ne pensais pas qu’elle avait besoin d’un minable je t’aime pour comprendre que je tenais à elle.

Son arrogance me mettait mal à l'aise et me rendait dingue à la fois. J'avais envie de le frapper, de lui arracher ses cheveux trop bien faits, et le griffer... tout à la fois. Mon énervement était bien trop important, je le savais, mais j'essayais de fermer les yeux dessus. Cela restait très difficile.

" Tu étais totalement différent avec moi qu'avec les autres, ne le nie pas. On avait beau se disputer tout le temps, tu as toujours fait ces trucs en plus, pas comme si j'étais une fille de plus que tu baisais. Ca signifiait beaucoup de choses pour moi, et c'est pour ça qu'à mes yeux, nous étions exclusifs. J'ai été stupide. Après tout, les ordures restent toujours des ordures. Si tu tenais vraiment à moi, à l'époque, tu n'aurais jamais fait ça. "

Je n'avais pas besoin de ses belles paroles, ni même de ses excuses, du moins, s'il se décidait à m'en faire un jour. Non, cela ne suffisait pas. Je n'étais plus cette fille qui succombait si facilement à ses charmes. Ce n'était pas moi.
Sa phrase suivante me fit une nouvelle fois bouillir.

" Tu ramènes toujours tout à toi ma parole. TU ne m'as pas changée. Ma vie ailleurs, et mon MARI m'ont changée. Je n'ai pas besoin de toi pour être heureuse. "

Mon mari... de qui je me séparais. Pourtant, il était réellement dans mon coeur, et je tenais à lui. Mais l'utiliser face à Wade n'était certainement pas l'idéal.

" Cet anneau au doigt, c'est une alliance. Peut-être que ça n'a aucune importance pour toi, mais pour moi, cela signifie des tas de choses. Notamment le fait que tu ne m'approcheras plus jamais, et qu'il ne se passera plus jamais rien entre nous. "

Cherchant à m'enfuir, je regardais ma montre. " J'ai du boulot. Donc, si tu veux bien me laisser passer... "

Tahlia avait le don de mettre le doigt sur ce qui était totalement vrai ou pas. Elle m’avait complètement cerné, elle lisait en moi. J’étais comme tout nu avec elle et c’était certainement ça qui m’avait lancé dans ces tromperies. Tel un petit enfant j’avais tout gâché parce oui j’avais agi différemment avec elle. Parce qu’elle était devenue trop importante pour monsieur Wade. Le gamin c’était moi au final, seulement pourquoi lui donner raison ?

« Ce n’est pas quelques petits trucs en plus qui ont vraiment fait la différence quand même. J’en ai baisé une autre oui et je ne peux pas le nier, mais ça fait deux ans. On peut dire que c’est un peu du réchauffé non ? » Je ne souriais pas, j’étais sérieux et j’avais remis mes mains dans mes poches comme au départ.

« Tu ramènes toujours tout à toi ma parole. TU ne m'as pas changée. Ma vie ailleurs, et mon MARI m'ont changée. Je n'ai pas besoin de toi pour être heureuse. »
« Ton mari ? C’est une blague ? » Je m’étais à moitié étouffé et en même temps j’avais avalé difficilement ma salive. Je me disais que ce n’était peut-être pas une plaisanterie. Puis elle continuait de me raconter tout un tas de conneries sur cette bague.

« Cet anneau au doigt, c'est une alliance. Peut-être que ça n'a aucune importance pour toi, mais pour moi, cela signifie des tas de choses. Notamment le fait que tu ne m'approcheras plus jamais, et qu'il ne se passera plus jamais rien entre nous. »
« Et alors quoi tu t’es trouvé un homme qui a séché tes larmes ? Le seul qui aurait dû te passer la bague au doigt c’est moi et tu en es consciente. » Je parlais trop tout d’un coup, j’étais énervé et je sentais que j’avais perdu une vie merveilleuse à ses côtés. J’étais dégouté en fait. Pourtant je n’étais pas pour le mariage, j'avais déjà vécu ça et c'était une fois de trop. Tahlia me faisait faire n'importe quoi, elle me retirait tous mes principes, c'était ça le problème. « Tu reviens après deux années en t’affichant avec ce truc à ton annulaire ! Tu viens pour te venger, ce n’est même pas moi qui va t’approcher… Tu me reviendras toute seule. Nous deux c’est inévitable chérie. »

Je reprenais de l’assurance, je ne voulais pas m’affaiblir comme un abruti parce qu’elle me rendait malade. J’étais fou de voir qu’elle pouvait jouer avec moi, je l’avais mérité mais il n’était pas question qu’elle en abuse. Je voyais bien que la brune souhaitait clôturer la discussion ici. Je l’avais laissé partir une fois, il n’était pas possible de le faire une nouvelle fois.

« J'ai du boulot. Donc, si tu veux bien me laisser passer... » Je n’ai pas bougé d’un pouce, je gardais cette porte comme un videur dans une boite. Et je lui ai dit avec mon air charmeur à la Hawkins.
« Seulement si tu me promets qu’on se reverra. »

L'année que nous avions passée ensemble m'avait fait le connaître sur le bout des doigts. Je savais comment il était, comment il réagissait mais je pensais aussi m'être profondément trompée sur toute la ligne. Pour moi, Wade, malgré nos disputes, avaient des sentiments pour moi, et ne me tromperait pas. J'avais eu tort.

" Alors, tu aurais dû être clair et dire que voilà, c'était pas sérieux. Quant à la trahison, désolée, mais pour moi, ce ne sera jamais du réchauffé. Parce que, oui, pour moi, c'est une trahison. "

Même si je n'avais plus aussi mal qu'auparavant, cette tromperie m'avait blessée et cela avait été très dur. Je n'arriverais probablement jamais à lui pardonner cela.

" Oui, mon mari. Je suis mariée depuis plus d'un an. "

Autant ne pas dire exactement depuis quand car sinon, il allait encore tout ramener à lui. Je l'avais épousé assez rapidement après avoir quitté l'Angleterre (pour ne pas dire tout de suite après...), alors, il ferait sûrement un rapprochement de ce genre.

" J'ai trouvé un homme qui me respectait, contrairement à toi. Laisse-moi rire! Toi, te remarier? De toute façon, c'est surréaliste. Jamais tu ne seras celui qui me mettra un anneau au doigt. "

Ses commentaires m'énervaient. Je n'aimais pas qu'il dise tout cela, car à une certaine époque, j'aurais rêvé qu'il me demande en mariage et me passe la bague au doigt. Le simple fait qu'il évoque cela me faisait du mal.

" Ma parole, tu ramènes tout à toi! Si j'avais voulu me venger, je me serais plantée devant toi, avec mon alliance, dans ton bureau dès le jour de mon retour! "

J'en avais marre que tout soit toujours ramené à lui, comme si personne d'autre n'existait sur terre. D'accord, il était sexy, d'accord il pouvait rendre n'importe quelle femme accroc à lui, mais il fallait qu'il cesse cette arrogance que je ne supportais déjà pas lorsque nous étions ensemble.
Je m'apprêtais à partir, mais Wade restait devant la porte, visiblement peu près à me laisser m'en aller.

" Je ne vois pas pourquoi on devrait se revoir. "

« Alors, tu aurais dû être clair et dire que voilà, c'était pas sérieux. Quant à la trahison, désolée, mais pour moi, ce ne sera jamais du réchauffé. Parce que, oui, pour moi, c'est une trahison. »
« Trahison est un grand mot. » J’étais foutrement têtu et je le savais. C’était bien plus fort que moi de ne pas en démordre. Je ne l’avais pas trahi, tout le monde savait que j’étais un homme coureur de jupons. On ne pouvait pas compter sur moi pour une vie bien rangée. Il était vrai qu’avec Tahlia j’avais ressenti quelque chose de différent et c’était la raison pour laquelle je me suis tapé mon assistante. J’ai tout gâché volontairement. La brune ne le saurait pas de sitôt, ça voudrait dire que je m’ouvrirais totalement à elle.

« Oui, mon mari. Je suis mariée depuis plus d'un an. […] J'ai trouvé un homme qui me respectait, contrairement à toi. Laisse-moi rire! Toi, te remarier? De toute façon, c'est surréaliste. Jamais tu ne seras celui qui me mettra un anneau au doigt.»
« Je suis certain que ton MARI n’est pas à la hauteur. Il n’y a que moi qui sais te faire vibrer toute entière. » C’était une réalité, je l’avais toujours senti. Elle n’était pas la même quand je la regardais, quand je la touchais… J’étais celui qui lui aurait fait faire n’importe quoi. Ce n’était pas ma marionnette et jamais je ne l’ai pensé. Cependant, j’avais ce pouvoir sur elle et je savais bien que je pouvais encore la dominer. Ou pas. Mon ex avait bien changée, ce n’était pas pour me déplaire. Je la sentais plus agressive, dominante ? Hum, une chose intéressante que j’avais hâte de découvrir. Sûr de moi, j’étais persuadé qu’elle me reviendrait même si ce n’était que pour une aventure d’une fois.

« Ma parole, tu ramènes tout à toi! Si j'avais voulu me venger, je me serais plantée devant toi, avec mon alliance, dans ton bureau dès le jour de mon retour!»
« Ce n’est pas parce que je l’apprends après que ça ne me fait rien. » J’ai baissé les yeux un petit moment avant de la fixer de nouveau. Je lui barrais le passage mais j’étais bien conscient que je ne pouvais pas la garder prisonnière.

« Je ne vois pas pourquoi on devrait se revoir. »
« Parce qu’on bosse dans la même boite et que ça sera inévitable. » Je m’écartais sur la gauche, j’ai pu sentir son parfum et c’était enivrant. Ça aussi ça avait changé, elle était arrogante à souhait. La jeune femme m’attirait encore plus qu’à l’époque…

La trahison... oui, pour moi, la trahison suprême était la tromperie, ce qu'il m'avait fait deux ans auparavant. J'avais eu mal, j'en avais pleuré, j'en aurais crevé si je n'étais pas partie pour passer à autre chose. J'en avais épousé un autre, peut-être n'était-ce pas l'idée du siècle, mais au moins, il m'avait redonné confiance en le genre masculin. Mais jamais plus je ne pourrais avoir confiance en Wade. Wade, cet homme bien trop confiant en lui, bien trop têtu, et bien trop égocentrique. Je n'en pouvais plus de lui. Je n'en pouvais plus d'entendre ses remarques acerbes.

" Cesse de te prendre pour Dieu tout puissant. Pour MON Dieu. Ca fait deux ans, Wade. C'est du passé. Arrête de penser cela, je ne suis plus ta chose."

Comment avais-je pu aimer cet homme au final? Il était tout l'opposé d'un homme auquel on pouvait s'accrocher, s'attacher et dont on pouvait tomber amoureuse. Pourtant, je l'avais aimé. Comme une folle. Et je n'étais pas du genre à m'attacher au physique, ou à toute chose futile de ce genre. Non. C'était pour autre chose.

Le fait qu'il admette que mon mariage le touchait amena une légère boule dans ma gorge. S'il savait... s'il savait que je m'étais mariée suite à une soirée faite d'alcool, à un homme que je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam... parce que c'était ce qu'il s'était passé. Il ne fallait pas qu'il sache.

" Je t'éviterai autant que je le pourrais. Au revoir, Wade. "

Je passais à côté de lui, tentant de ne pas respirer son odeur qui m'avait toujours rendue complètement folle. J'ouvrais la porte et quittais la pièce enfin. Stop... c'était terminé. Enfin.