âge Vingt-sept ans et plus que toutes ses dents – en plus d’avoir gardé celles de sagesse Wallace en a une dizaine en trop, ce qui lui fait comme une seconde rangée de dents sur la face palatine. Il en a aussi trois surnuméraires sur la face linguale. Une mutation génétique courante chez les hommes de sa famille, qui est portée fièrement comme la preuve d’être un véritable Oxenfoord. date et lieu de naissance Le trois février mille-neuf-cent-quatre-vingt-six. statut social Célibataire appréciant son statut, ainsi il garde son argent et son temps (et toute la couette dans son lit). statut familial Wallace est le premier enfant de sexe masculin d’une famille composée d’une mère, d’un père et de… vingt-et-un enfants (dont trois adoptés, des jumelles et des quadruplées – les naissances jumelées sont extrêmement courantes dans sa branche maternelle). Il a dix-huit sœurs (onze aînées, sept cadettes) et deux frères cadets. L’aînée de la tribu Oxenfoord a quarante-et-un ans et la dernière a douze ans. Sa mère a à présent cinquante-six ans et son père cinquante-neuf. Wallace est déjà l’oncle de quarante-huit bambins dont il connaît de tous le nom, l’âge et la bouille et le grand-oncle de sept autres enfants (dont il connaît aussi le nom, l’âge et la bouille.) Il est parrain de seize enfants, dont deux d’amis et quatre de cousins. C’est aussi le seul Oxenfoord de plus de vingt ans à ne pas être marié et parent. nationalité Ecossaise. origines Ecossaises. métier Gestionnaire de paie. caractère Excentrique, zélé, fier, réservé, pragmatique, autistique, cocasse, narcissique, poli, dominant, farouche, prompt, susceptible, irritable. groupe Café serré. ici. célébrité Bastiaan Van Gaalen.

manies et habitudes Je joue de plusieurs instruments : du piano qui m’a servi à consolider mon solfège dès mes cinq ans et de la harpe à partir de mes onze ans. Toutefois, je suis surtout connu pour savoir jouer du ukulélé, du thérémine, du violoncelle thérémine, du xylophone et des maracas en pot de yaourt avec des haricots dedans. Je suis aussi très bon avec des cuillères. Je n’ai peut-être pas d’enfants, mais j’ai six énormes chiens ! Un riesenschnauzer, un montage des pyrénées, un terre-neuve, un dogue du tibet, un akita américain et un leonberg. J’ai aussi huit chats. Un savannah, un sphynx, trois européens, un munchkin et deux scottishs folds. Oui, j’ai une grande maison – avec jardin devant et potager derrière. Je mange presque uniquement ce que je cultive. Je suis aussi végétarien. De plus, la plupart des produits que j’utilise pour mon corps ou l’entretien de ma demeure sont bios ou faits mains. Mes costumes sont tous fait sur mesure, par un tailleur. Quant à mes chaussures, un cordonnier s’en occupe tout particulièrement. J’ai une femme à tout faire qui m’aide pour la cuisine, les tâches ménagères et l’entretien des animaux. Je croise les chevilles quand je m’assois et ronge mon pouce quand je tente de me concentrer sur quelque chose. J’aime organiser avec mes collègues diverses petites choses, comme des Pères-noëls secrets, une chasse aux œufs de Pâques ou un brunch… Cela en surprend souvent un ou deux, car je suis plutôt vu comme quelqu’un de sérieux et discret. Pourtant, je suis quelqu’un si on ne cesse de m’inviter aux fêtes et mariages, ce n’est pas pour rien ! Mes discours font toujours sourire et on aime les divertissements que je mets en place. Même au lit ! Je suis très joueur, oui… et dominateur, je l’avoue. Je ne fume pas mais bois un peu trop. Quant aux drogues, il m’arrive d’y succomber. Surtout lors de raves ou fêtes de ce genre, dans lesquelles je vais souvent. Je n’ai aucun rêve concernant mon futur, je suis déjà bien assez grand pour savoir que dans la vie, rien ne peut se prévoir. Et que prévoir, c’est être déçu. Je bois du café au bureau et du thé chez moi. Je préfère le saumon fumé aux chocolats. J’ai toujours un léger retard dans le temps mais de l’avance sur les choses et les idées. J’ai tendance à vivre sous médicaments, je n’aime pas avoir mal à la tête. Je conduis une Phantom Corsair de 1938.

+ time is money, business is business.
« Oui, j’ai déjà pris mon billet » mentit Wallace, qui ne voyait pas l’utilité d’acheter son voyage en avion pour le mariage de Kermit, son cadet, six mois à l’avance. Surtout qu’il n’était pas sûr de s’y rendre – aller se perdre dans la campagne sicilienne juste pour quelques jours ne l’enchantait pas. Il allait devoir trouver une chambre d’hôtel, louer une voiture, prendre des congés non-payés… Ah, Kermit avait toujours été du genre rêveur, toujours à vouloir des choses impossibles ! Néanmoins, le gestionnaire de paie n’avait pas envie de se battre maintenant au téléphone avec son frère – il avait bien plus important à faire. Voilà qu’encore la direction avait décidé de faire exploser les heures supplémentaires du service marketing. Cela dépassait largement ce qu’autorisait la législation… Encore une fois, Wallace allait devoir étaler tout cela sur plusieurs mois, prévenir les employés et espérer que les impôts et l’inspection du travail n’y voient que du feu. « Tu m’écoutes, Ace ? » questionna Kermit, à l’autre bout de la ligne téléphonique. « Ecoute, tu ne pourrais pas me rappeler plus tard ? Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler au bureau, à part en cas d’urgence… Je travaille, là. » « Cela fait des semaines que je tente de te joindre hors de tes horaires de travail, sans y réussir ! » Wallace souffla, se demandant quoi répondre. Sa famille semblait de moins en moins bien prendre pour excuse le fait qu’il travaillait, puis rentrait chez lui trop épuisé pour répondre à ses appels et mails personnels… Il n’avait jamais été très impliqué dans la vie de la grande tribu qu’avaient composée ses parents. Tout ce mouvement l’épuisait. Et alors que ses camarades d’école s’en allaient jouer après les cours, lui devait aller chercher ses jeunes frères et sœurs pour s’en occuper, comme le faisaient tous les aînés avec leurs cadets…. Ses camarades économisaient pour aller en vacances, lui pour les cadeaux familiaux. Ses camarades avaient encore le droit d’être insouciants, couvés par leurs parents… Wallace, lui avait l’impression d’être déjà un père responsable, garant de ses suivants. Et ces derniers le poursuivaient encore ! Oh, ce n’était pas que le gestionnaire des paies les haïssait. Juste que maintenant qu’il avait pris son indépendance, qu’il avait mis des kilomètres entre lui et la demeure familiale, il aurait aimé un peu plus d’indépendance. Un peu plus de calme. Hélas, le châtain avait toujours été d’une perspicacité qui faisait qu’autrui aimait ramener à lui leurs problèmes. Wallace semblait pouvoir tout résoudre et avec tant de facilité ! Même, un collègue l’avait comparé au personnage de Winston Wolfe, dans Pulp Fiction. Bref. Le téléphone, cette invention à la fois bénéfique et diabolique, faisait que même sur un autre continent que la plupart de sa famille, Wallace restait un membre important, un pilier sur lequel tous semblaient pouvoir se reposer. Wallace, le premier garçon ! Wallace, celui qui a toujours une réponse ! Le pire, c’est que les employés de Pure Derma commençaient à penser pareil que la famille de l’écossais… Et voilà qu’en plus de la paie, on lui confiait les petits tracas de chacun. De quoi en venir à éviter la machine à café !

« Et maman demande si tu as enfin trouvé une fiancée. » Wallace cessa de regarder l’écran de son ordinateur et fit craquer sa mâchoire. Il vit une de ses employées se lever. Il était quatorze heures, elle partait se prendre un thé. Ah, qu’il l’aimait bien, elle ! Réglée comme une horloge, discrète… et serviable. « Soyez un amour, rapportez-moi un café je vous prie » articula-t-il, tentant de contrôler son agacement. La demoiselle accepta, d’un hochement de tête. « Alors ? » appuya Kermit, d’un ton taquin. « Je n’ai pas le temps d’appeler maman, comment peut-elle imaginer que j’aie le temps de trouver une fiancée ? » Un rire qui ressemblait au sien le glaça. « Oh, Ace ! Tu n’es pas le seul à travailler dans une grande entreprise tu sais ! Je sais très bien comment cela se passe, dans ce genre d’endroit. C’est d’ailleurs là où je travaille que j’ai rencontré Payoja, je te rappelle. Allez, dis-moi… Tu n’as pas une petite secrétaire ou une jeune stagiaire qui t’a tapé dans l’œil ? » Wallace sentit ses oreilles rougir, mais ne laissa aucune autre trace d’embarras défaire sa stature quasi-robotique. Il n’avait pas envie de parler des quelques flirts qu’il pouvait avoir. Rien de tout cela n’était sérieux ! Vraiment, il n’avait pas le temps pour cela. « Tu m’embêtes. Vous m’embêtez tous. Pouvez-vous comprendre que je me plais, seul ? Que je n’ai pas le temps de m’occuper de quelqu’un d’autre ? Je néglige assez de monde comme cela. » Et Kermit, toujours léger, rit de nouveau. « On trouve toujours le temps de faire ce que l’on veut ! » lâcha-t-il sans sérieux, marquant encore une fois sa grande différence avec son aîné. Celui-ci jeta l’éponge, closant la discussion. « Je dois vraiment te laisser, là. On n’est pas censés recevoir des appels personnels au bureau et je n’ai pas envie de faire des heures supplémentaires ce soir. Je suis claqué. Passe le bonjour de ma part à la famille et aux voisins. Bye. » Puis, sans attendre, l’écossais raccrocha et s’étira contre le dossier de son fauteuil. Ce n’est pas comme si son frère se mêlait de ce qui ne le regardait pas… Il avait le droit de poser ce genre de questions, mais cela gênait Wallace qui ne vivait que pour accomplir sa tâche au sein de Pure Derma.

Pure Derma, voilà ce qui occupait tout son temps et tout son esprit. La seule chose avec laquelle il avait une relation stable et durable. Et cela, depuis environ deux ans. Il en était un rouage important, à présent. Sans lui, les paies ne se faisaient pas… Et les employés, non-payés, ne viendraient pas travailler. Oh, certes, on pouvait le remplacer. Mais sa place, son rôle, lui, resterait toujours là. Une sécurité de travail importante, en ces temps de crises. De plus, Pure Derma semblait bien fonctionner – pas de quoi craindre une banqueroute ! Puis tous les autres membres, tous ces petits rouages ou vis plus ou moins importants, qui comptaient sur lui. Comme une seconde famille dans laquelle il trouvait rires et engueulades. Est-ce que son frère savait véritablement comment cela était, au sein d’une telle entreprise ? Tous ces mensonges, ces cachotteries… ces rumeurs ! Wallace faisait ce qu’il pouvait pour ne pas y être mêlé, mais ne pouvait pas toujours y réchapper hélas. Certainement le fait qu’on venait souvent le voir pour des conseils… Alors on disait « c’est Wallace qui m’a dit de faire cela ». On se déchargeait sur lui de toutes fautes, comme s’il avait donné un ordre plutôt qu’un conseil ! Ah, peut-être était-il temps de changer d’entreprise. Tout cela commençait à lui peser. Mais pourrait-il trouver si bons alaire, dans une organisation plus petite ?

Wallace bailla et attrapa le café qu’on lui tendit, puis repartit se perdre dans les nombres, les taux et les tableaux qui faisaient son quotidien. Tous ces noms qui défilaient devant ces yeux… Plus que des chiffres. Des collègues. Des problèmes.